Gordon Matta Clark – Art, architecture et lumière.

Du collectif anarchitecture group qu’il formera un temps avec des artistes dont Laurie Anderson, Matta Clark dira un jour : « Il ne s’agissait pas seulement de faire les œuvres témoignant d’une attitudes différentes vis-à-vis des bâtiments ou des comportements qui déterminent habituellement le cloisonnement de l’espace utilisable… Nous pensions plutôt à des vides métaphoriques, des trous, des espaces laissés à l’abandon, des endroits qui ne sont pas encore développés. »  

Gordon Matta Clark est un artiste américain mort en 1978 à 35 ans.

Ses performances, films et photos témoignent des dérives et des ravages de l’urbanisation massive mais aussi de son attrait pour les espaces vacants et non marchands.

Fils du peintre surréaliste chilien Roberto Matta et de la designer nord-américaine Anne Clark, Gordon Matta Clark grandit à Manhattan et commence par étudier l’architecture à Cornell. Lorsqu’il revient en 1969, la ville est au bord de la faillite, une succession de politique d’urbanisation ont asphyxié des quartiers entiers. Au mépris des populations locales, le Hausmann New Yorkais Robert Moses en créant le Cross Bronx Expressway a « écartelé » le Bronx. Au moment où il tente de faire la même chose à Soho, une résistance se met en place dont fait partie Jane Jacobs, auteure de Déclin et Survie des grandes villes américaines. Voilà le contexte urbano-politique dans lequel Gordon Matta-Clark débute sa carrière.
Il s’emploie immédiatement à ne pas pratiquer son métier d’architecte. Il se sert de ce qu’il connait et ce qu’il a apprit pour transformer l’architecture en outil révélateur de tout ce qui ne va pas, et surtout, selon lui « l’industrie qui prodigue des boîtes en ville et en banlieue s’assurant par là, une clientèle passive et isolée. »

Days End (1975)

Days End (1975)

Peut autant s’entendre comme fin de journée que comme « les jours prennent fin »
Dans ce projet, il s’attaque à la tôle ondulée d’un gigantesque entrepôt du Meatpacking District de Manhattan, alors en déréliction totale, qu’il entendait transformer pour la jouissance des habitants du coin en ‘temple de soleil et de lumière’ Ce projet fût avorté par la Police.

Days End (1975)

« Alors qu’il découpe dans la pénombre la façade arrière du bâtiment, des lignes de lumière apparaissent en contre-jour, dessinant peu à peu, et sur une hauteur de quelques quatre étages, une feuille qui semble échappée d’un mobile de Calder. Qu’importe l’issue malheureuse de l’entreprise, il y a quelque chose de glorieux à voir le panache d’étincelles surgir de la tôle, à admirer l’apparition du soleil dans le grand vide, et à contempler le spectacle de ce David de la contre-culture se mesurant au Goliath de la matière et de l’écrasant bâti censé ordonner nos vies. » Elisabeth Franck Dumas

La conclusion est ici laissée à Elisabeth Franck Dumas :

« C’est une belle et trop rare idée que celle d’espace ne « servant » à rien, rendus à nulle activité et surtout pas marchande. L’artiste la reformulera, dans un court écrit postérieur, sous une appellation qui laisse aujourd’hui songeur, celle de point parfait de non-usage. »

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